Cet enfant
par Franz
Cet enfant,
si longtemps nourri de ton sein,
endormi si souvent aux sources de tes chairs,
qui vivait à l'insu
des gestes quotidiens
que nous n'avons su deviner
malgré tout cet amour.
Cet enfant
au mal qui jamais ne parut,
que nous n'avons pu retenir
en ces lieux liquides de nos yeux,
en ces portes ouvertes de nos bras,
tout cet amour qui ne fut point reçu
dans nos mains restées pleines.
Cet enfant
sorti entre tes jambes,
que nous avons pris et bercé
sans ni pouvoir garder son pas,
ni le prémunir de l'amertume des jours,
enfant incorporé entre nos mains d'absence
pour qu'on se souvienne toujours.
Cet enfant
Qu'on n'a pas pu toucher,
qu'on n'a su qu'avoir,
qu'on n'a su que prendre,
qu'on n'a pas pu garder en nous
et qui n'a pas compris.
Cet enfant
aux parfums d'alcool et d'herbages,
enfant de faux départs et de vagabondage,
dont on a perdu la clé,
qui court par les champs de chimères,
qui joue à l'impossible des vastes lieux,
cet enfant de naufrage
planant aux paradis des vapeurs bleues .
Cet enfant,
malgré tout cet amour,
malgré toutes ces frustrations,
perdu, comblé, impalpable et fuyant,
enfant semblable à tous les autres
qui jouait dans l'espace fleuri,
et que nous n'avons pas su retenir,
Jamais ne pourrons-nous l'empêcher de souffrir.
Telle est toute la cruauté de ce monde barbare.
Poème posté le 01/09/12