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Poésie d'hier / Le plus doux rêve
              
Poésie d'hier / Le plus doux rêve
         
Poésie d'hier / Le plus doux rêve

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Le plus doux rêve
par Jules CANONGE


Mystérieux pouvoir qui fais chanter notre âme Répands dans mes concerts une plus douce flamme; Pas de riants accords que ta voix aujourd'hui Calme l'anxiété de mon précoce ennui ; Dis-moi l'hymne de flamme et de bonheur suprême Que chante le poète à la beauté qu'il aime ; Mais que ton chant soit pur autant qu'il sera doux ; D'immondes voluptés je ne suis point jaloux; Donne-moi pour idole une vierge ingénue, Belle de sa candeur et du monde inconnue ; Et, le front décoré d'une chaste rougeur, Qu'elle écoute ces vers échos de mon bonheur : « Quand on a le bonheur d'aimer, On croit tout voir en ce qu'on aime S'épanouir, se transformer ; On vit en lui plus qu'en soi-même ; Le chemin s'ouvre et reverdit, L'horizon changé s'agrandit, Partout où la vie est poussée, Et l'on n'a pour chaque désir Qu'un but où sourit le plaisir, Où se féconde la pensée. Tout paraît s'unir pour charmer ; Les mortels que ce feu consume Ne se sentent pas consumer ; Pour eux le bonheur se résume En un mot, mot du ciel : aimer ! C'est le seul mot que l'oeil annonce Le seul que la lèvre prononce, Et qui, par l'oreille écouté, Soit au fond des cœurs répété. Le passé, l'avenir s'efface, Tout, dans ce monde, est en oubli ; Le soleil comme l'ombre passe ; Rien sur le front ne creuse un pli ; Lorsqu'enfin le vent qui moissonne Emporte, effeuille la couronne Et précipite le flambeau. Le trépas garde ce mystère, Qui, toujours voilé pour la terre, Ne se révèle qu'au tombeau. Unis par une sainte chaîne, Aimons, quand rayonne l'été ; Aimons, quand d'un voile argenté Le sombre hiver couvre la plaine. Qu'en notre âme ferme et sereine Par un dévouement soit compté Tout pas du temps qui nous entraîne ! Sans craindre de les épuiser A des flots purs venons puiser Les ivresses que le cœur donne ; Dieu nous réserve dans le Ciel Pour nos lèvres toujours du miel, Pour nos fronts, toujours la couronne ; Car, si, jusques au dernier jour, La douce foi d'un noble amour N'a jamais été profanée, La vie, en changeant de séjour, Ne change pas de destinée I » Silence, esprit des vers ! ta parole exaspère, Au lieu de l'apaiser, mon tourment solitaire ; Mes doigts ne veulent plus faire vibrer en vain Ce luth où de l'amour frémit l'accord divin : Car, séduisant mon coeur par un brillant mensonge, Si tu me fais ainsi prodiguer pour le songe Tout ce que j'ai de flamme et de suavité , Que me garderas-tu pour la réalité ?

Varia

Poème posté le 25/09/23 par Rickways


 Poète
Jules CANONGE



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