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L'enfance nue
par Reumond


Sur le rebord de la fenêtre, La peau nue, offerte aux gerçures du sel, L’enfant regarde la mer, dans ses vagues dévoilées Une à une, comme dévêtues de vert et d’algues, Comme déchirée de vent, et rouée vive de vagues, Tel un vieux papier, un parchemin de vie, Un chemin sinueux, un ancien poème froissé, Tatoué par le temps, une peau ridée qui se souvient de Luc-sur-Mer et de sa baleine. Sur le rebord de la fenêtre, Dans les moiteurs de l’été, l’enfant scrute au loin, Le vide plein de rêves épars, pain quotidien À nourrir l’aujourd’hui, songer l’avenir, et sonder le passé. Sur le rebord de la fenêtre, Ses yeux cherchent le contact visuel, Avec l’infini et l’éternité. L’Œil plus grand que le ventre de la Terre, Cristallin, telles les rétines des miroirs sans tain, L’enfant contemple le Ciel, tout en faisant des ricochets De tous ces nuages égarés de vents. Les poches sous des yeux, pleines de coquillages, Pour faire collection d’objets tombés du ciel, Ses yeux de velours, pleins d’étoiles pétillantes, Clignent au temps qui passe et à l’espace, L’instant d’un repli, une minute de silence, point. Et pour finir, mangent sans fin, le bleu de l’horizon. L’enfant-roi, l’enfant divin, l’enfant petit Jésus, Le petit singe-roi des hommes et des anges, Petit prince sur sa planète de sucre, Les mains pleines de songe et de barbe à papa, Se rince l’œil, dans l’eau de la Manche. Il est là, tout nu, offert, ouvert, au regard de l’autre, De l’hôte de passage, du passager, du passant Passant comme un souffle léger, détrousseur de vent, Comme lui, voleur de mots, voyeur de perles et d’images. Humant l'effluve des représentations moites et Des odeurs plurielles des trois rois mages, Chargés de myrte, d’or, d’encens, et de guigui. Prêtant l’oreille aux vents d’une innocence de cristal. Le regard plongé dans son monde imaginaire, Là où l'aventure le mène, Là où la magie et le mystère prennent forme L’enfance nue dénude le Réel. Notre héros se nomme « Doudou » Doudou, entre ciel et terre, Amay et Luc, Il est le narrateur de l'histoire, et mène sa propre quête, Afin de comprendre le monde dans lequel il vit. " À la guigui, à la guigui, à la guimauve" Crie le marchand sur la digue, alchimiste, sortant De ses pots de cuivre le trésor des pirates, La plus précieuse des confiseries : La vie À pleine langue. Hier encore, Dès qu’ils l’entendaient, les enfants de la plage, Comme les 40 voleurs, piaillaient à tu tête, Et accouraient de partout, vêtus de sable d’or, Et sous leurs grands yeux de guimauve, L’Alchimiste battait, entortillait, moulinait, tressait la guigui, Tressait les yeux d’enfants, d’oratoire En laboratoire, Moulinait l’envie de ses anges déchus, Aux doigts sales et collants De bonbons tant convoités Par l’Absolu lui-même.

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Roland<br />
« Par la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle,<br />
Tu as fondé ta Gloire, pour confondre tes adversaires,<br />
Imposer silence à l'ennemi et au vindicatif » (Psaume 8,3)<br />
Dit le psalmiste au vent qui colporte les échos du passé. <br />
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En regardant une vieille photo d'enfance, pleine de souvenirs, assis sur des coraux, en totale immersion en lui-même, au cœur d’un happening de vagues, au son des cithares d’eaux, le poète joue aux échecs avec les mots coquillages du Réel. <br />
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Poème posté le 06/03/09


 Poète
Reumond



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