Le néant des choses passées
par Henri CAZALIS
OH! que d'univers engloutis
Dont nul ne connait les naufrages.
Tous sombrés, tous anéantis
Dans l'abîme effrayant des âges!
Et quelle est la réalité?...
Est-ce la mort? Est-ce la vie?
La vie, et l'immense clarté,
Ou la mort, la nuit infinie?
...L'Être, serait-ce le Néant,
Qui dans mon vide se reflète,
Et de pourpre et d'or, en créant,
Attife un moment son squelette?
Dans ce tourbillon éternel
Où sans fin roulent les atomes,
Qu'entrevoyons-nous de réel,
Fantômes parmi des fantômes?
J'apparais une heure et je fuis,
Rentrant dans l'ombre d'où j'arrive
Vague étincelle entre deux nuits,
Qu'est l'existence fugitive ?
Des milliards d'êtres sont morts:
Et tous ces défilés des races,
Tous ces esprits et tous ces corps
Nulle part n'ont laissé leurs traces!
Qu'est cet étroit monde vivant
Auprès des foules entassées
Des morts, sur qui je vais rêvant
Au néant des choses passées!
Tout mon être tremble; j'ai peur
De ce noir abîme où je tombe!
Oh la nuit sans fond, et l'horreur,
Oh le puits béant de !a tombe
L'illusion
Poème posté le 27/10/23
par Rickways