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Requiem
par Amal


Un infini de silence drapa l’air, Les cieux s’affaissèrent et perlèrent, blafards, Quand s’écoula le convoi mortuaire Dans les lits tourmentés de sentiers épars. Les hères blessés avançaient lentement, Drapés dans un même suaire de noirceur, Démons de douleurs dévorés de tourments, Et fiers ! – le firmament, seul, osait les pleurs. Déjà, ils entouraient la tombe abyssale : Essaim de ténèbres porté par la peine… Un sinistre chant s’éleva, tel un râle Tragique, perlant de la voûte d’ébène. La mélopée ensorcelait les nuages, Troubles sanglotant au gré des pulsations, Nuées obscurcies par le deuil et la rage, Se mouvant dans une valse de frissons… Les notes vibraient, pétillantes, effrontées ! Se baignaient – nues – dans l’atmosphère tendue, Eclaboussant les fantômes de regrets, Vague rivière de souvenirs en crue… Mélancolie, affliction, perlaient aux cils Des survivants… La complainte, déchirée, S’ébrouait d’émoi et d’harmonies fébriles – Suintant de condoléances brodées. Bientôt, le vent se joignit à l’oraison, Envolant le linceul dans un bal violent, Et frôlant les cordes de la déraison Des consciences livrées aux questionnements… Des pourquoi infernaux hantaient les essences Mortelles. Tempête de contestations, Brisant la sagesse en éclats de démence ! Pourquoi ? Sans appel. Canon d’indignation… Les chœurs se révoltaient contre les humeurs Du hasard. Vies gâchées, anges sacrifiés… Une soutane s’étranglait en vain : Heur ! Volonté du Seigneur ! – foi si insensée... ! – Surdité confuse –, les cœurs s’indignaient De l’avidité de ce trépas sacré… Mesure prudente : résignation, paix. Chorégraphie démente : Dieu soit loué ! Un timbre grave accompagnait leurs prières : L’orage crépitait sourdement au Ciel. La cérémonie poursuivait ses manières, Sous des cadences exagérées de fiel. La chorale funèbre s’affaiblissait, Essoufflée, mer divagante agonisant Dans une écume blême… Elle expirait De vagues remous de vocalismes lents… Et puis, les voix s’hérissèrent de nouveau, Prises dans un tourbillon vertigineux D’accords et d'enlacements. Toujours plus haut… Mêlées, farouches, embrasant les cieux ! Mais la gravité, ranimée, intervint D’une rafale brûlante de rayons Mélodieux, figée dans son air hautain... – Des éclats ridèrent le céleste front. La Morale grondait, le conflit mugit… Archet de la discorde : le joug du temps. Beaucoup se désespéraient, frêles, soumis, De leur condition fugitive d’errants… Comme la mort se noyait dans l'indolence, Et aux cris des ténors, somnolait, bercée, Des affluents de miel jaillirent, en transe, Des lèvres vermeilles d’anges endeuillés. Les sirènes du Styx, soudain envoûtées, Inondèrent la terre d’écailles blanches, Qui fleurirent la bière du regretté – Doux massif de neige dévoreur de planches.



Poème posté le 13/04/09


 Poète
Amal



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