Mémoires de la Terre : l'Aurore
par Amal
Doucement, le soleil glissait hors de son nid
D’horizons pourpres, gorgeant la coque et les voiles
Des bateaux aériens, titans obscurcis,
De torrents de clarté... Aveuglant les étoiles,
Il entraînait des salves de couleurs fuyantes,
Enchaînées aux noir piton des constellations,
Dans une danse arquée, sur les ailes béantes
De canons de lumière aux blêmes éperons.
Tel un noyé, volé à l’onde bleue d’un port,
Bouquet de feu sanglant échoué sur la grève,
Il s’ébrouait, furieusement, de rayons d’or,
Et roulait, indolent, dans les lames des rêves.
Bientôt, des flaques de jour m’éclaboussèrent…
Mes forêts, essaimées en joyaux de fraîcheur,
Frémirent, comme les ombres et les mystères
De la nuit fuyaient enfin leurs lacis berceurs...
Mes mers s’embrasèrent sur des bûchers d’argent,
Leurs robes s’emmêlant en éclats fuselés,
Leurs miroirs se brisant en vagues et en chants,
Une écume irisée moussant sur leurs rochers,
Des rides vermeilles embrassant leurs reflets…
Non loin, mes monts coiffaient leurs crêtes de couronnes
Étincelantes, et sur leurs flancs fatigués,
De flous serpents de flammes éveillaient la faune.
Lentement, des armadas de lueurs hissaient
Leurs pavillons d’azur dans le ciel morose ;
Le doux sourire de la lune s’estompait,
Dans un ruisseau divin poudré de larmes roses :
Des festons orangés s’agrippaient violemment
A sa courbe opalescente ; elle chancelait…
Des airs fugaces, des rumeurs, des pépiements,
S’élevaient de mes champs pour gagner les palais
De l’aurore ; d’amples colonnes de clarté
Ondoyaient dans l’air ; des escaliers de pâleur
S’effilochaient à mes pieds depuis l’empyrée…
Et le jour s’élançait dans leurs spires, vainqueur.
Poème posté le 13/04/09