Poème à l'antique
par Bai Li
Le matin, je joue en la Mer de Vase pourpre ;
Le soir, je revêts un manteau de vapeurs rouges.
Agitant la main, je cueille un brin d'arbre Jo (1),
Pour en arrêter l'éclat du soleil couchant.
Je monte sur un nuage et je vais m'ébattre aux huit pôles (2) ;
Ma face de jade en est mille fois gelée.
Puis, tourbillonnant, je pénètre en l'Infini ;
J'incline le front, priant le Seigneur suprême (3).
Il me fait entrer dans l'Extrême Pureté (4),
En un bol de jade, m'octroie un bol de vin magique.
Puisqu'un seul festin dure ici dix mille années,
Pourquoi retourner à mon village natal ?
Je veux à jamais, suivant la brise infinie,
Par-delà le ciel tourbillonner à mon gré !
(1) Arbre merveilleux qui pousse sur les monts K'ouen Louen dans l'occident légendaire
(2) Nord, Sud, Est, Ouest et les 4 pôles intercalaires
(3) Divinité suprême du taoïsme
(4) Une des régions éthérées du taoïsme auxquelles les "immortels" ont seul accès
Traduction: Royère, Pékin (1943)
Texte issu de l'Anthologie de la poésie chinoise classique
Poème posté le 05/11/24
par Assonance