Plainte pour une note
par Linbleu
Le violoncelle, vêtu de son manteau noir,
Est parti dans le soir,
Elle, l'a amené si loin, si vite,
Elle, l'a bousculé, assis dans le chaos du siège froid,
La nuit, n'a pas fait attention,
Les cordes grinçantes se sont tues.
Elle, l'a trimbalé de routes en chemins,
Eclairés par la lueur jaune,
Elle, qui ne voyait que le voyage,
Ne voulait croire en son histoire...
Il la réchauffait, là, derrière,
Soupirant ses cordes à vide.
Dans la maison, le regard s'est perdu,
Ne lui a pas parlé, ni souri, ni caressé,
N'a pas soupçonné un seul instant,
Que son Do se bombait,
le La le rassurait de son cri aigu,
Dans la nuit, sans bruit,
Le Ré a tiré sur l'archet
Et dans un souffle,
Le Sol s'est dérobé
Pour tomber dans la froideur hivernale.
Quand, dans un cri blessant,
Ses notes tendres vers elle,
A rencontré son regard,
Alors son Do s'est redressé,
Le La a ronronné,
le Ré a soupiré,
Et le Sol s'est ému.
Dans la nuit noire,
le violoncelle a veillé
Sur son bonheur tout neuf,
Accord voilé
D'un archet qui tremble et se plie...
Poème posté le 04/06/09