Le jardin du père
par Reumond
Jetons-nous tête baissée sur nos aquarelles
Pour peindre des arbres portants des fruits mûrs
Comme les yeux des voyants se collent aux pinceaux
Les tulipes au jardin d’Éden parlent le langage des pleurs
Elles disent la splendeur des fleurs de pommiers
Sagesse pour la Terre et folie pour les hommes
Dans la nature le verbe s'est fait couleur chair
Formes senteurs lumières chants caresses
Pour que la chair vive du verbe « aimer »
Au fond du jardin secret se cache une porte étroite
À l’ombrage de sages vieillards s’y reposent
Cherchant dans l’ombre la source même des couleurs épandues
Dans le ravissement des sens avivés Les jardins de Monet serpentent l’œil Le nez l’oreille et la mémoire
Au jardin japonais j’ai croisé un clos normand Paradoxes des jardins plantés de nénuphars Et des vergers entre rochers et bambous géants
D’arbre en arbre et de fleurs en trame de tableaux
Une sève bariolée coule pour barbouiller les yeux des enfants
Comme les mille sucettes des effets variés de la création
Allongé au gazon d’une l'image qui dégage LA PAIX
De toile en poème pour les amoureux illettrés
P Rouge A Rose i jaune X vert comme dirait Rimbaud
Je porte un toast au talent de la terre, à la vague,
À la pluie et aux vents qui font chanter le vocabulaire
À la lisière des mots au seuil d’impossibles paysages
Une belle Lumière se disperse sérénité à fleur de peau
Dans l’harmonie d’un arc-en-Terre au coin sacré
D’un paradis perdu et retrouvé le temps d’un cliché
Superbe nature qui brame au scandale crie
Quand elle est piétinée de bottes et tachée de sang
Livrée aux bourreaux et torturés de noirceurs
À vous fleurs, arbres, personnes, amis …
Merci d’être ce que vous êtes ici
Si belles, si beaux au matin des origines
Au verger des contemplations
Au gazon des jours, là où l’espoir pousse encore
Tout paré d’avenir en l’Etant de chacun
<br />
"Le poète est ce pèlerin que Dieu envoie sur la terre pour qu'il y découvre des vestiges du Paradis perdu et du Ciel retrouvé. Le Poète est ce pauvre assis à midi sur le perron du vieux jardin où le premier homme et la première femme furent si beaux. Il tient dans sa main sa sébile, et, son chien à ses pieds, il demande aux passants distraits, et à Dieu même, l'aumône de la beauté qui fut, qui est et qui sera." <br />
Francis Jammes <br />
Poème posté le 22/06/09