L'orpailleuse
par Aodren
Si du sombre aujourd’hui j’ai plié le roseau,
D’apaisantes eaux claires gonflant mon torrent,
Je n’ignore plus rien des reflets dévorants
Qui s’emmêlent en secret en amont du ruisseau.
Mais quand il se relève, d’un nouveau visage
Et qu’il devient le manque ou la pire déveine,
Je regarde souvent les rivages pérennes
Où tu glanes l’or fin en de lents tamisages.
Tu es belle, sais-tu ? Quand tes mains virevoltent
Et que l’eau sur tes doigts en exhale sa nacre.
Des perles insensées t’adoubant dans un sacre,
Pour que pleuve sur moi ton éclat désinvolte.
Que peut-il bien rester aux ombres rationnelles
Quand ta voix se suspend aux appels de ma peau,
Quand le vent qui chuchote au milieu des rameaux,
Semble arrêter le temps en douces ritournelles ?
Je n’aurai, semble-t-il, pas besoin d’écumer
Les alluvions désertes où les peines se leurrent
Je suis riche d’effets et de mers pacifiées
Où l’eau dit aux marins que l’horizon demeure.
Poème posté le 07/10/13