Les moineaux
par Didier Viaud
A : - Deux moineaux, noir et blanc, (un avait une patte qui manquait,
sautillait hideusement, l’aile appuyée sur l’aile de l’aîné)
traînaient de bar en bar, essayaient d’oublier…
B : - Deux moineaux… !? Oublier ? Ton histoire est histoire d’idiots !
A : - Deux moineaux, noir et blanc, (un avait une patte qui manquait,
sautillait hideusement, l’aile appuyée sur l’aile de l’aîné)
traînaient de bar en bar, essayaient d’oublier le temps venu qui s’en
était allé…
B : - Ces mots n’ont pas de sens. Deux moineaux, noir et blanc, ne
vont pas dans les bars, n’ont pas cette notion diffuse que nous avons
du temps !
A : - Mes moineaux vont dans les bars et le temps n’existe plus
puisqu’il s’en est allé. Deux moineaux, noir et blanc, (un avait une
patte qui manquait, sautillait hideusement, l’aile appuyée sur l’aile
de l’aîné) trainaient de bar en bar…
B : - essayaient d’oublier le temps venu qui s’en était allé,
gnagnagna, gnagnagna, niaiseries que tout cela !
A : - essayaient d’oublier le temps venu qui s’en était allé. Mais ils
ne pouvaient pas, alors ils s’enivraient…
B : - Sur une patte, vous noterez… !!!
A : - Deux moineaux, noir et blanc…
B : Stop ! Suffit ! Au diable tes diableries ! Qu’on me l’emmène celui-
là, avec ses moineaux poivrots et son aile appuyée… !
(On emmène A. Dans la petite cour du service de neurologie, B est
étendu sur un banc. Il est seul, les yeux rivés sur un gros nuage
orangé qui vient d’éteindre le soleil.)
B : Deux moineaux, noir et blanc (un avait une patte qui manquait…)
Elle est jolie ta chanson, maman.
Vienne, 14 octobre 1997
Poème posté le 04/10/09