Mandragore gore
par Boetiane
Vous rencontrer dans une ville, une île, une heure. Près de ces frontons espions. J’aimais cette ère nouvelle. Cataclysme et séisme de panthéon. J’aimais votre voix. C’était du miel, de la rosée. Votre visage n’avait pas le droit d’échouer en cette antiquité. Il ne me reste de vous que cette fleur de chair greffée au cœur. Il ne vous reste de moi que ces cruels regrets, violets et froids.
Le temps a passé. Je me suis désaimantée. Nous nous rencontrerons encore. Ce ne sera pas maintenant. Ce ne sera pas ici. Je serai fantôme à l’œil améthyste. Je serai dentellière hurlevent, élégante et magnifique. Dentelles de chapelle. Linceul d’orbes bruyère. Ma traîne fera des lieues, du lierre. Surtout, nous dormirons l’un près de l’autre, chacun en nos cercueils. Le mien de nymphéas d’effroi, le vôtre de cassiopées mimosa.
En lisière de chaque aube, nous irons bavarder sur le vieux banc de pierre, crochetés d’épeires au crâne mauve cendré. El Niño vieillira aux Açores. La terre ne tournera plus rond. Nous comploterons. Sur les astres en conserve, le prix de la cendre et les cheveux d’ange. Etreignant les falbalas de l’air aux écorces d’orange. Nous guetterons la promenade de Baudelaire ou de Rimbaud. Puis les inviterons à verser, en nos lents palais de poussière, le grand bal d’une étoile, le souvenir de la lumière et de l’eau.
Carpe diem<br />
Poème posté le 07/10/09