Confession érotique
par Domagoj sirotinja
A l'ombre de mes nuits tu t'es profilée sans filet,
admirant l'embouchure quand au port j'arrimai tel
un feu follet. Tu laisses en mon âme les plus beaux
reflets. Ni radeau téméraire ni pirogue légendaire
et encore moins vilains corsaires n'ont dominé
tes désirs étourdissants. Tu as ensorcelé mon songe,
dépoussiéré mes rêves, vaporisé en moi le souffle
conduisant à la fièvre. Puisqu'il faut à deux,
avec promiscuité, valoriser le couple de la modernité,
avant que tu ne t'élances je vais t'écrire mon émoi
et des mots présentables, reçois-les comme une parcelle
exquise, imagine l'espace où j'attise les étoiles.
Je voudrais dévêtir cette invisible coquille et altérer
l'échine du diable.
Je voudrais lécher tes rêves enivrants, mâcher
cette sève qui jaillit de ton inconscience.
Je voudrais qu'à l'idée de m'envelopper dans
une posture édifiante, tes sentiments s'accompagnent
de sourires et s'écartent comme un langoureux tango.
Je voudrais t'embellir d'averses éparses, jouir
d'une voix mielleuse et arrachante, rejoindre les profondeurs
de ton abysse en apnée.
Et dans tout ce démembrement anobli, tu représentes
la manifestation la plus aboutie de la mutation érotique.
Lorsque la pénombre excitera ton corps de multiples
réseaux, ta chair sentira le frisson des grands abandons.
Et tu t'en iras, pour un temps, pour un rien, dans la nuit
aguicheuse de cet automne.
Je voudrais ne plus suggérer.
Démone me déshabille de ses billes
en l'an de grâce gingembre,
la crête offerte aux étoiles,
pétarade au vent à l'ail.
La pluie marque en ciel
ce doux visage de combe
et si de toutes les vies, tous les soleils,
de tous les ports, toutes les escales,
je me réveillai pris au piège
ma démone me délivrera de sa bouche.
@ Edi Sorić
Poème posté le 08/10/09