Déceptions érotiques d'une chaise-longue.
par Elperu
Une chaise-longue baillait à se fendre le bois,
Son tissu distendu pochait entre ses bras,
ses quatre pieds tuméfiés d’être traînés par terre
lors des étreintes violentes des clients temporaires ;
mélancolique,elle méditait sous les caresses solaires,sur son petit balcon.
« L’autre jour une grosse dame en moi s’est effondrée ;
De son poids mémorable elle faillit m’achever
Surtout quand sans préliminaires elle casa son fessier,
Insensible chair flasque aux cris que je poussais ;
Comment prendre du plaisir si l’on ne peut remuer ?
Au moins, une fois calée, sa gélatine molle cessa d’remuer son cul !
Pas comme ce grand sac d’os aux segments tout pointus ;
Il gigotait sauvage, me heurtant par saccades de ses arêtes blêmes ;
Il me martyrisait et tressautait sur moi pour me dire « tu m’aimes ? »
Insaisissable partout, il ne s’occupait pas d’être ou non malotru !
Mais le pire fut pourtant d’aout cet après-midi !
Une gamine hystérique me prit pour balançoire
Elle grimpa sur mon dos et me secoua sans cœur de ses membres graciles ;
Elle me força les jambes malgré mon bon vouloir,
Et entreprit enfin de tirer tous les fils de mon tissu fragile.
Franchement, mon ami pouf, je n’ demandais pas à naître
Pour subir l’arrogance de ces masses malséantes
Et je réclame à Dieu des formes plus tolérantes !
Tous ces corps disparates condamnent tout mon être !
A la fin de cet été trop chaud, délivrée pour de bon,
je plierai donc bagage… »
Poème posté le 09/10/09