Papillons
par Aodren
Pendant que dans la cour paisiblement grisonnent,
Deux papillons heureux d’être toujours en selle,
L’écorce, à l’apogée de sa teneur en sel,
Revêt l’aspect tanné des peaux qu’on emprisonne.
J’ai fui mon oranger et son essence amère,
Faisant fi des faiblesses de mon ossature.
J’ai cru grandir d’atours… tant de vaines postures !
Alors qu’il suffisait de regarder la mer…
Le ballet de leurs ailes a reverdi l’espace,
Et j’ai tardé, c’est vrai, à ouvrir la fenêtre.
J’aimais tant sa buée, y déchiffrer les traces
Et puis du bout des doigts, calquer le feu des lettres,
Sur mon humeur naissante, oblique et passagère,
Une ombre évanescente au cycle capricieux,
Dont l’âpreté souvent s’est faite messagère,
De vents tourbillonnants et d’écrits pernicieux.
Je les regarde vivre loin des cris acides
Essaimer lentement la nacre de leurs âmes
Sur les courbes de l’herbe, ranimer la flamme
Et d’un brasier d’argent, dompter les chrysalides.
Je nous rêve parfois comme ces fous volants
Quand ma bouche te frôle aux rimes déliées
Offerte à tes envies décrites, suppliées,
Butinant sur tes lèvres le nectar brûlant.
Et je nous rêve encor, plus près de l’étincelle,
Deux papillons heureux d’être toujours en selle…
Poème posté le 29/04/14