Ce jour-là
par Just-de-passage
Ce jour-là, elle avait fait ma mère
Un bon dîner, des pommes de terre
D’la p’tite saucisse et du chou rouge,
J’avais d’la bière, eux, du vin rouge
Parc’qu’aussi mon père était là
Ca f’sait longtemps, oh bien deux mois,
Qu’on n’s’était plus r’trouvés comme ça
Autour d’la table, tous les trois
Et j’ai même eu un bon dessert
Tout plein d’pudding dans un grand verre
Même qu’eux, ils n’en n’ont pas mangé
Ils restaient là à me r’garder
Et c’est alors qu’on a sonné
Ils se sont levés tous les deux
Pourtant avant,là,c’était moi
Qui étais chargé de jouer l’jeu
D’aller dire qu’ils étaient pas là
Mais ce jour-là, c’est tous les deux
En me r’gardant du bout des yeux
Tous les deux qu’ils se sont levés
J’me suis même arrêté d’manger
Puis c’est mon père, tout doucement
Lui qui était si nerveux, avant,
Puis c’est mon père qui a bougé
“J’crois bien, dit-il, qu’on a sonné”
Et c’est alors qu’Elle est entrée
La Dame est venue près de moi
“J’ai un cadeau, dit-elle, pour toi
On va s’en aller tous les deux
Dans une maison pour faire des jeux”
Ma mère alors m’a habillé
Puis brusquement s’est détournée
Mon père m’a glissé de l’argent
Un beau grand billet de cent francs
La Dame m’a pris par la main
J’comprenais pas, j’comprenais rien
Mais cette main-là qui m’a pris
J’m’en rappelle encore aujourd’hui
Et c’est alors qu’on est partis
Ce qu’on a roulé, j’sais pas bien
Un peu comme si j’regardais rien
On a stoppé d’vant une maison
Elle a dit : “Perds pas ton veston !”
Ensuite elle m’a montré un gars
“C’est lui qui va s’occuper d’toi
Tu vois, t’auras plein de copains !”
J’me souviens, j’ai serré des mains
Y’en a même un qui m’a montré
La chambre où je devrais coucher
Il m’a dit “Bon ben, j’vais t’laisser
T’as tout le temps pour t’installer !”
...Et c’est alors que j’ai pleuré....
Poème posté le 27/11/09