Toi l'enfant
par Ruben
J’entends ta voix j’entends tes pas
J’entends celui qui me rappelle
L’orient de ma vie par delà
Le fleuve des ans où tout s’emmêle
J’entends ce futur au chant joyeux
J’entends ce futur où tu rayonnes
J’entends ce futur dans tes yeux
J’entends ce futur que tu questionnes
Toi l’enfant gemmifère
Diamant dans le cœur-écrin
De ta mère
Toi l’enfant démon et chérubin
Lorsque dans ton regard passe l’éclair
D'une colère d’un chagrin
La plume légère de mes pensées
Au souffle de tes paroles s’envole
L’oiseau qui l’a perdu est nu
Je le suis aussi qui le sait
Dans ma nuit tu es luciole
Feu follet trotte menu
Il arrive que mon regard s’égare
Dans le labyrinthe de tes pas
A te suivre à la trace
Gai vif hilare
Me perdre dans ce delta
Voici le défaut de ma cuirasse
Toi l’enfant dans l’alpha de la vie
Boit la sève de l’arbre amour
Jamais n’en soit assouvi
Toi l’enfant fait battre tambour
Aux cœurs trop longtemps asservis
Par un monde ignorant ses troubadours
Lorsque mon esprit se voile
Perd le fil d’or de ta présence
A cause de vingt raisons vain tracas
Nuages éphémères ailerons de squales
Je trouve mon salut dans le silence
Tribunal sans juge sans avocat
Seul à psalmodier dans le temple
De mon corps de ma raison
Là où la folie me guette
Là où mon cœur à ton cœur ressemble
Là où tombent les murs des prisons
Là où vit l’âme du poète
Toi l’enfant dont l’ombre majuscule
Suspendue immobile sur ma tête blanchie
D'une lueur indicible éclaire mon crépuscule
Toi l’enfant roi d’un royaume sans monarchie
Prince sans palais sans nom à particule
Peut-être choisiras-tu demain l’anarchie
Quand mon discours rencontrera le tien
Dans nos jours de commune errance
Quand nos paroles nourriront l’agapê
Pour un festin connu des premiers chrétiens
Quand sera arrivé le temps de l’assurance
Où tu cesseras de m’appeler « papé »
Nous grandirons ensemble dans l’amertume de nos âges
Je ferai comme si nous avons l’éternité
Je ferai comme si rien n’est important
Je ferai comme si la vie appartient aux sages
Je ferai comme si sur terre n’existe que fraternité
Je ferai comme si la foi convertit le mécréant
Toi l’enfant plus précieux que toutes les cathédrales
Dans ce monde confus tabernacle de plusieurs dieux
Oubli du prosélyte la déraison fatale
Toi l’enfant lorsque nous nous dirons adieu
Lorsque viendra l’instant du dernier souffle qui s’exhale
Je ne veux point voir de larmes dans tes yeux
Poème posté le 10/09/15