Poème Rue Molière (souvenirs entre rêves et réalité) par Aros

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Poésie libre / Rue Molière (souvenirs entre rêves et réalité)

Rue Molière (souvenirs entre rêves et réalité)
par Aros

Quelquefois je revois en laissant mes yeux clos La meulière dorée de ma petite enfance, La rue où affluaient, nonchalants, les vélos, Sans que l’automobile encombre leur errance. J’entends au fond de moi le portail enroué Que j’ouvrais sur la cour avec un grand élan, Une cour où j’usais, traînant sur le pavé, Mes habits du dimanche au grand dam de maman. A deux pas j’aperçois l’entrée sous la marquise, La porte peinte en vert si longtemps malmenée, Malmenée par la pluie, la folie de la bise, La chaleur de l’été, notre chienne obstinée. Le long de l’appentis le lierre en plein essor Attache ses cordons sur le mur assombri ; C’est très fier que papa rangeait, comme un trésor, Son Harley Davidson dans ce vétuste abri. Ma mémoire embellit et peint d’autres images, La cuisinière en fonte, le buffet bien ciré, La chambre où je suis né, le tub, mes savonnages Dans les bras de maman qui m’ont tant entouré. C’est au bout de la rue que je peux parcourir Le petit terrain vague ancré au cimetière, Au clair de mes jeudis j’allais le conquérir, Escorté de Nanou mon plus fervent compère. Quand il se faisait tard, en tendres trublions, Mes grandes sœurs venaient pour calmer notre entrain, Vite nous ramassions billes, osselets, ballons, Et rentrions ensemble, unis, main dans la main.

Meulière : maison typique de la région parisienne, construite en pierre meulière entre les années 1880 et 1930.<br />
Tub : baignoire en zinc à laquelle on ajoute, au dessous, une sorte de réchaud à gaz pour chauffer l’eau. <br />
Nanou : est la plus jeune de mes trois sœurs.<br />

Poème posté le 20/09/15

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Aros

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