Vendanges chez les anges
par Boetiane
Au fond du couloir, le banc de pierre, le square, le manège. Cette lumière. A l’orage. A l’orange. Ces phalanges. Le cil qui palpite au ciel. La statue bue au rouge à lèvres. L’autre cimetière, à l’horizon du temps. Sevrage et désœuvrement
L’homme gît très bas. Sur la dalle. Anthropophage. Crochète ses chapelets d’entrailles. A la pomme et au sang. Puis les dévore au soir. Ici, toutes les bêtes ont faim. Un grand glaïeul gesticule dans le jardin. Je m’habille aux anémones. Colliers poires d’oiseaux, raisins de Corinthe. Et me sauve à travers l’aubépine, jambes allumées et divines. Broute l’air de la clairière. Galopine. Puis monte avec les papillons io. Je suis ocellée. A l’orée
Les ossements de ma traîne ne claudiquent plus. Robe Raphaël à folios, à miroirs, à moineaux. J’ai mille ans. Je touche le nuage d’or. Je baigne -dans l’écume- mes ailes adolescentes. Au soir, Neptune fait descendre la lune. Et dans ses flots à jouvencelles, de brûlantes baigneuses renaissent à la nacre, mumurant aux mortels que la rondeur est belle
à la mémoire de mon voisin
Poème posté le 30/04/10