Genève ma bohème
par Domagoj sirotinja
Depuis ta rade je m'inspire,
ce qu'il me faut pour horizon,
c'est dans tes bains que je respire,
et l'île rousseau me fait penseur.
Au jardin anglais l'unanime,
de mille saveurs l'heureux témoin,
du plein palais cet anonyme,
jusqu'aux Pâquis, vibrant hommage,
je dis je t'aime Genève, ma bohème.
Ce n'est pas de la sécheresse des maux
dont j'ai besoin
c'est de la pauvreté des leurres.
Et qui te lit dans ton dessein
et de tes cordes joue du violon,
reviens à toi comme un amant ;
de promenades plurielles
en rencontres incertaines,
de doutes intestinaux
en badinages fiévreux,
je dis je t'aime Genève, ma bohème,
joker malin, atout cœur.
Mouettes genevoises
1.
Je reviens vers toi
comme au temps de ma jeunesse,
me poser près du lac, au cœur des Bains,
je reviens comme un singe
remonte à son arbre contempler l'horizon,
avec la grimace et le sourire du vainqueur.
Il n'appartient qu'à toi, Kalvingrad,
de me garder pour toujours.
2.
Chez L'éléphant Dans la Canette
la poésie n'est pas muette,
les jambes d'une belle américaine
ont la rougeur de Maïakovski
les parasols delirium tremens
renvoient l'image d'Henri Michaux,
la forêt valse sur Rimbaud,
les voix porteuses de petites pièces
rappellent le théâtre de Tennessee Williams
et la bravoure étalée sur le trottoir
semble un hommage à Petőfi,
les beaux ouvrages passent et flambent
à l'arrière cour d'un Picasso
chez L'éléphant Dans la Canette.
3.
Quand je suis ici je ne sais plus qui je suis,
au fait qui suis-je ? Une biographie bâclée
avec des dates imaginaires, un lieu de naissance indéterminé,
un autodafé millénaire au milieu d'outre-tombe,
un arbre Croatoan messager du temps...
Quand je goûte à ta sève tes racines pleurent
le tronc de l'histoire me nourrit
moi l'homme vide de vie au parcours chancelant
à la recherche du poète inconnu
et de l'Ève qui me fera revivre parmi vous.
@ Edi Sorić
Poème posté le 07/07/10