Une rame
par Zitoun
Blottis l'un contre l'autre, apaisés, joues humides,
Amants d'hier et de demains, voguons en paix
Sur un frêle esquif, mais il flotte à tout jamais.
Derrière lui s'essoufflent les grains blancs, stupides.
Bercés par une bise, légère et salvatrice,
Jouissons de la beauté, jouissons de nos pardons.
Regardons mes monstres se noyer dans l'abysse,
C'est ta clémence qui les envoie par le fond.
Vois tu dans ces tourments que les alizés portent
Corolles menaçantes au dessus de nos sorts,
Les embruns de sanglots, que les rissas escortent
Riant des échoués, séparés, mis à mort ?
bientôt j'aurai bu tout le doux sel de tes larmes,
Je donnerai un cap, je hisserai le foc
Je serai le mât fier, face à l'assaut des lames,
Et ton pont de gaillard, solide comme un roc.
Je suis un timonier, un mousse, un capitaine
Ou une simple rame, tu la saisis un jour,
Pourvu que cette houle ne nous soit pas vaine,
Je t'en prie reste à flots, reste à bord, mon amour.
Poème posté le 10/02/16