N. petite ville coincée en vallée d’Avre
Entre nouvelles rues prétentieuses et vieux colombages
Dormait hier encore paisible et presque sage.
Quelques mobylettes vrombissaient :
Faut bien que jeunesse passe
Et le facteur aussi
Pour un recommandé ou un colis
Il siffle et aussi les gendarmes
- Ils connaissent les bons coins-
Pour quelques anodines infractions s’alarment
Faut bien que devoirs s’accomplissent
Et la brouette motorisée que le balayeur municipal
Sur mon trottoir abandonne
Et les arroseurs de réverbères en fleurs
Emplissent l’air de lancinants ronronnements
Comme les chats somnolents sur mon mur
Et la voix forte du voisin les samedis soir
C’est la vie qui s’effiloche en bruits familiers
Et le nouveau petit curé cloche sur la ville
Il cloche de Mâtines en Complies
Il cloche les heures et les demis
Il cloche des messes auxquelles personne ne se presse
De Requiem pour des morts oubliés
En célébration baptismale d’enfants à naitre
De bénédiction nuptiale dans les limbes
En dominicales prêchant des chaises vides
Personne n’y comprend rien ;
La dernière bigote instruite de ces étranges sacrements
Est morte l’année dernière : Paix à son Ame !
Mais il cloche et encore cloche !
Le tocsin pour nos esprits perdus, il n’ose sonner
Le nouveau petit curé de N.
Du clocher les pigeons décampent
Et depuis longtemps du narthex, la corde a déserté
Et c’est heureux ! Imaginez un peu l’usage
Dont aurait pu en faire les mécréants.
Mais des cloches les habitants maugréent
Et du curé qui de l’aube à l’aurore cloche.
Juin 2010 – Scène de la vie courante dans la petite ville qui est la mienne<br />