A celle qui n'existe pas
par Gaelick
Je finis par croire qu'en cet ensanglanté,
Et si perfide ! monde ! Seules les chimères
Sont, noires ombres dont on dirait qu'elles errent...
Elles - et elles seules - sont les vrais beautés.
Ah ! Mais pourquoi n'êtes vous que dans les ces rêves ?
Des poètes larmoyant de rages et d'atroces,
N'êtes-vous pas que des visions que le songe amorce...
Ô rage ! Tant en l'ombre si peu en vraie sève !
Et toi - tu n'es pas de ce monde - tu ne m'es pas.
Alors le sale faiseur de vers impie pleure
Longuement mon âme son âme de sanglots s'écœure
Je il ne fait que rêver courir, pas à pas.
Courir vers toi ! ô infini idiot, hélas,
Il prend les autres pour plus bas que lui
De simples rêves ne le font celui qui luit,
Ah, rêver soit de l'ombre soit de son trépas.
Feuilles d'ombres qui se croisent de feuilles d'encre
Comment ce qui n'existe pas peut se croiser ?
Avec ce qui existe ? Il ne le fait pas, biaisée
Illusion que porte chaque aède en lui, telle une ancre
Qui alourdie le cœur mais qui le rend plus léger
Des caprices d'une humanité qui hait les cieux
Car ils permettent des rêves voulus malchancieux
Malheur à qui veut songer un peu, espérer.
Mais toi tu es belle comme le plus beau des songes
Car tu es le plus beau des songes, ô beauté rêvée !
Comme il est douce langueur de voir, dépravé
Un poète à sa fenêtre percalisée et rongée.
L'inconnu est toujours plus beau, donc est plus belle,
La mort. Mais seulement quand l'on vit, et quand on meurt
L'on s'apercevra que chacune des ses heures
Infiniment et qu'aucun mystère elle ne recèle.
Ô mon si bel amour, mon infinie songée
Que de trop longue vie l'infinie a épongée
Et ma bonté se crève en d'infinies folies
Car tu es belle de ne pas exister, et c'est là ta mélancolie.
Poème posté le 05/06/16