Les carpes et les tanches circulent près des bords et l'eau limpide du torrent laisse voir les poissons qui se chauffent au soleil
Ils seront bientôt en frai – pêcheur laisse-les donc en paix ! Si tu ne peux te retenir Au moins rejette-les ensuite à la rivière
Pense aux alevins A la pêche de l'an prochain N'es-tu pas bien ici avec les saules dont les longs cheveux trempent dans le courant
Les libellules irisées qui zigzaguent brusquement au-dessus des reflets verts où s'élargissent les gobages
Regarde le martin-pêcheur blanc et bleu, pointu sur sa branche dont il tombe comme pierre
avant de rejaillir à la surface un omble gigotant au bec, l'aile soulevant une effusion endiamantée
Le soleil glisse ses yeux d'Argus entre les feuilles écoutant avec délices les gazouillis mélangés de toutes sortes d'oiseaux
Ô pêcheur ne sens-tu pas au fond de toi cette petite vibration, cette exaltation secrète de mai
Comme si, sur la rive, tu voyais la nacre rose d'un corps nu de nymphe qui s'apprête à se baigner insouciante de ta présence
ou espérant peut-être que tu as, poète, les pieds de chèvre de ces faunes printaniers décorant les fresque antiques !