Mariage
par Frankvassal
La mariée était belle dans ses dentelles blanches,
Elle a ri et chanté pendant le grand repas.
La pendule à regret annonçait le dimanche,
Des chiens déjà repus reniflaient dans les plats
La femme immaculée souriait sans vergogne
A ces cousins puceaux qui rougissaient du fait.
Soutenu par le vin un oncle antique et borgne,
Récitait des sonnets en se touchant la tête.
Des gaillards charpentés comme des armoires de chêne,
Reprenaient à tue-tête quelques refrains paillards,
Leurs femmes renfrognées fredonnaient des rengaines,
En berçant dans leurs bras des enfants goguenards.
Le marié endormi le front dans son assiette
Balbutiait son bonheur aux frontières du coma
Sa mère tentait en vain de soulever sa tête
Sous les rires éméchés des amis du papa.
Les demoiselles d’honneur jouaient sous la nappe blanche
Se tapant dans les mains pour cadencer leur chant
Des petits salissaient leurs habits du dimanche
Ils glissaient à genoux tout en se poursuivant.
Une vieille dormait le menton dans ses perles
Sur une chaise de fer au milieu de la piste
Où un couple amoureux se dévoraient les lèvres
Sur un air de tango si beau d’être si triste
Poème posté le 05/04/11