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Madrid, soleil noir
par Elperu


De mémoire ces mots, d’un poète, Saint-Martin je crois : « seul, mot qui désigne celui qui perçoit ». Il y a trois nuits la lune avait son air bête, celui qu’elle prend quand, en haut de sa tête, manque une calotte au lieu d’un croissant, dans cette phase où sa forme descend, son crâne bancal comme trépané, une espèce de mal finie, d’œuvre inachevée. Une blessure moche, mal cicatrisée, une sorte de crime dont elle aurait réchappé. J’ai un peu honte d’en parler de travers, mais elle faisait penser à une crêpe vulgaire. Jusqu’à ce que je vois sa couleur étrange. Je l’aime tellement lorsqu’elle devient orange que j’aurais dû comprendre sa teinte de folie, remarquer sa douleur et en être surpris. En quelques minutes, basse au-dessus des toits, elle devint démoniaque et d’une humeur sanguine, sa surface s’était troublée d’une lueur assassine. Je ne savais pourquoi, elle me fit un peu peur et je rentrai chez moi habité d’ une vague frayeur. C’était un onze mars ; Madrid s’éveillait. Quand on dort vraiment aucun rêve ne paraît, Et il n’est aucun bruit qui puisse vous troubler. Je ne compris pas que j’entendis hurler ces milliers d’Espagnols au-delà des Pyrénées. Déchirés dans des trains, des corps ensanglantés cet horrible matin dans mon réveil soudain , je ne soupçonnais rien de l’ignoble destin de tous ces pauvres gens tout aussi innocents que ce jour commencé comme tous les autres avant. Des têtes arrachées, des bras des mains coupés, Des corps enchâssés dans des tôles fracassées, après les explosions, des râles et des cris, des poitrines qui expirent et encore des cris. Même pas de fumée pour signaler l’horreur, mais des yeux effrayés et des visages tordus. Des images insoutenables en boucle à la télé. Quand enfin des gens descendirent des quartiers les rues furent affolées aux abords de la gare. Ils découvrent le carnage, leurs regards sont hagards. Des gardes sont grotesques avec leurs mitraillettes Tandis que les ambulanciers transportent des silhouettes. Dans les zones protégées des sirènes couvrent des hurlements, et des fantômes circulent à l’air aveugle dévoré de tourment. Tout le monde a peur du carnage barbare des amas de ferraille Et n’ose s’approcher des cadavres inhumains projetés sur les rails. Une angoisse dans le ventre, ils avancent doucement. Ils perçoivent déjà dans l’air abasourdi les effluves du sang. Oh Lune ? C’était donc ça ta couleur cette nuit juste avant ... C’est si rare pourtant sur toi une tunique de sang… J’aurais dû, je m’en veux, comprendre et t’arrêter, t’interroger, te forcer, crier, te supplier et même t’ordonner, t’empêcher de faire naître le jour d’une telle barbarie. Quelques heures plus tard le soleil éclaira une ignoble tuerie. Ces monstres, cachés et fous de l’ombre, cette nuit de soleil noir, S’étaient abreuvés au rouge de ton sang dans un carnage d’espoirs.



Poème posté le 06/05/11


 Poète
Elperu



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