Complainte de bureau
par Light Drifter
Aux rêveurs bafoués ! Je commence ma journée de cul-vissé,
Aussitôt !... une masse de petites cases à remplir me tombe dessus,
Mes doigts courent sur des claviers et les cases tombent, grosses, enfin fécondées,
Jamais repues ! Jamais repues, hélas, elles viennent me reprendre ! Donne-nous ta dose de temps à vendre !
Sans échappatoire je consulte mon augure, un satyre à face de bouc, saura t’il m’en faire figure ?
Ma tête s’enchâsse de force dans une fenêtre pixélisée, petites cases ! petites cases ?! À quoi servez-vous, vous qui exigez ?
Une voix d’outre-tombe résonne :
« Pour toute nation : huit heures de stagnation, »
« Pour tout vaisseau itinérant, mon grand, le plat de ton écran »,
« Pour tout horizon ta pause décaféinée, succédanée d’année en année »,
Merde mais qu’est-ce-donc ? Face de bouc qu’as tu donc fait ?
La verve en berne je ne remplis plus les cases, mes reins sont vides, creusés, cassez-vous !
Je lève les doigts des claviers affamés… Je crie une révolte de poltron à l’encontre de mes patrons !
Sursaut de liberté vite effacé, pendant ce temps-là qui remplit les petites cases ?
Écrit lors d'une pause facebook prise de force à mes employeurs.
Poème posté le 10/10/16