Printemps de Prague
par Domagoj sirotinja
Tu as un coeur deux poumons et deux jambes,
celui qui se tient à tes côtés te ressemble,
cependant vous êtes unique, chacun à sa nature.
Dis-toi bien que Palach a brûlé comme un cèdre,
et qu'il n'est pas de marche plus haute que la liberté.
Du printemps de Prague à la place Tian' anmen,
des pans de glaciers énormes ont fondu où disparu,
tandis qu'une voix pressante continue de gémir :
"Nous sommes contre la robotisation à outrance."
En 45 Yalta scindait l'Europe en deux administrations
mais personne ne voulait soigner le désastre de l'humain ;
on inventait donc une nouvelle religion castratrice,
un oreiller primaire qu'on plaqua sur les bouches,
imposant le silence chez les peuples pratiquants.
Et le communisme, hameçon défigurant les tronches,
avec velléité révéla son incompétence au monde,
comme toutes les religions depuis la nuit des temps.
Dans l'ère soviétique presque personne n'ignorait
la propagande officielle, et l'on entendait en bruit de fond
dans les usines tchécoslovaques ce genre de slogans :
"Nous avons les meilleurs salaires et les meilleures
assurances au monde, aussi ne serait-ce que par gratitude,
nous devons produire plus...
Nous devons nous tenir
serrés derrière l'étendard de paix... "
Le flambeau de Jan continue de briller
les pâles nuits d'hiver, le jeûne encore présent...
Lorsque l'on grimpe à l'échelle du pouvoir,
les barreaux s'effritent et l'on peine à voir
les étages supérieurs, quelque soit le régime.
Personne ne saura mesurer la fracture des dents rayées,
du petit ventre qui se perd en chemin dans la rature
politique, les dents pliées sur l'os du diktat.
Mais le peuple ne peut se taire durablement,
et alors vient le temps de la révolte quand, au sortir
de l'hiver, des fleurs nouvelles chantent l'espoir.
@ Edi Sorić
Poème posté le 22/06/11