Ci-git tout l'univers
De mes certitudes passées
Lourd album de famille
Filet dérivant de pensées trop étroites
Ci-git la vanité
Du jeune homme homérique
Battant d'impatience le pavé empourpré
Et gaspillant le miel d'un avenir radieux
Ci-git mon capuchon
De chasseur aveugle et froid
Je raccroche le gant
Me voici décillé
Ci-git le gotha bête
D'un ennui mondain
L'hypocrite sourire
masquant la crispation du poing
Ci-git cette idée folle
Que peut-être Charon
Nous prendra sur l'autre rive
Moyennant quelque obole
Car c'est bien allégé
De tout le rien de cette courte ronde
Que le pèlerin un jour
Atteint le bout du chemin
Mer, me voici
Vain radeau de la méduse
Où les corps se font masse
Nettoyés par l'écume
Accueille ton enfant
Dans l'abysse inconnu
Qu'il explore de la mort
La tendresse inviolée
Et qu'enfin dans la paix
D'une vérité trouvée
Le corps décomposé
Mais l'âme reposée
Il puisse errer sans fin
Tel Rimbaud l'abyssin
Se soustraire au reflet
Du miroir infernal