Je t'écris depuis le Cameroun
toi mon frère, toi ma sœur.
Du lieu où je t'écris
il y a plein de graines au dessus de ma tête
car n'ayant pas de grenier
ma mère a attaché les cordes dans sa cuisine
et y a suspendu des épis de maïs.
Du lieu où je t'écris
les nuages de fumée
pour s'évader dans l'atmosphère
ne rencontrent aucun obstacle
car la cuisine de ma mère
c'est quatre poteaux à ma droite
trois poteaux à ma gauche
puis l'un derrière et l'autre devant moi
ça fait un total de neuf
qui empêchent au toit de tomber.
J'ai presque envie de rire
lorsque je regarde vers le haut
car autrefois dans mon village
ceux qu'"ils" ont appelés esclaves
portaient le chef sur les épaules
comme les poteaux portent la toiture.
Le feu n'est pas agressif
or de temps en temps
je l'incite à la violence
en y ajoutant du bois;
mais je ne te dis pas ce que je prépare
non, vraiment pas
sinon les salives
te viendront plein à la bouche.
Ici dans mon pays
quand la nourriture ne plait pas
on dit que " ce n'est pas mo"
mais lorsque ça plait
on dit que " c'est trop top!"
Comme il est beau le Cameroun!
j'ai adoré la pleine du Noun
mais mon pays est chez le mécanicien
la panne, ce sont les politiciens.
Du lieu où je t'écris
ma nourriture vient de cuir
alors on se dit à une autre fois
car la main qui mange n'écris pas.
Quand tu viendras au Cameroun
avises-moi deux jours avant
comme ça je te garderai les prunes:
il parait que c'est bon avec le manioc.