Vertige endocrin d'une souvenance
par Pilar
Pour C.
Sauras-tu un jour quel bonheur vertigineux
Tu auras permis à mon âme de goûter ?
Mais cruel réalisme, la page blanche ouverte
Ne s'est remplie que de caractères en blanc.
J'ai vu hier, pour la première fois je crois,
La couleur de tes yeux. C'était un noir profond,
Infiniment nu, sans étoile et douloureux,
Un ciel froid où la distance n'a plus aucun sens,
Un ciel éteint, un ciel qui fait mal malgré lui
Éclairé, ma chère Claire, d'un sourire avenant,
D'un sourire froid, sourire de convenance.
Mon sang bouillonne maintenant de ce vertige,
Vertige d'un ciel dont le fond a disparu,
Vertige sans repère où toute âme s'égare
Et la mienne, qui t'a reconnue, plus que toute autre
Qui n'aurait su de toi que beauté extérieure,
Rayonnante du dehors mais pas du dedans !
Oh, là, je sais que je blesse, je sais qui je blesse :
Je me blesse moi-même pour souffrir davantage
En en sachant le pourquoi ! Et quoi, je n'ai su
Réveiller notre joie passée, joie follement jeune
Éternellement pure, affranchie des limites.
Je prie que ce soit ton âme endormie qui ait,
Dans une ignorance naïve oublié,
Simplement, de se réveiller pour m'accueillir.
Un jour tu sauras, à l'émergence d'un rêve
Que je suis passé sans que tu me reconnaisses.
Je te pardonne à jamais pour ne pas froisser
L'écrin que j'avais tissé pour toi en ce temps,
Par-delà les âges, où nous nous aimions l'un l'autre.
Aujourd'hui c'est de cette belle âme d'antan
Que je suis encore, et indubitablement,
Amoureux. Ton âme voilée, libère-là !
A toi, Claire, mais est-ce utile de le dire ?
Poème posté le 20/11/16