Muse, muse, où es-tu ?
par Claire-Obscur
par Claire-Obscur
J’ai retrouvé ma muse
Tapie au fond d’un couloir
Ne voulait plus qu’on l’amuse
Je l’avais perdue
Elle se cachait dans le noir
Et n’en voulait sortir plus.
Enveloppée de poussière
Elle faisait la sorcière
Gardant mes mots en souricière
Je l’ai découverte
J’ai failli pas la reconnaître
De toute rose, elle était grise-verte
J’ai voulu la ramasser
Elle m’a carrément jetée
Je vous dis pas… j’étais choquée
« Mais je t’ai cherchée partout
Par monts et par vaux,
Et dans tous les trous !
En écrivant, en criant en porte voix
Tu sais, de ceux qui ont un son très haut
En pleurant, suppliant moult fois !
Tu m’as manqué, ma muse amie
À ne donner aucun signe de vie
J’en suis venue à craindre pour nos vies »
« J’avais besoin de liberté,
Besoin de souffler, de penser à ma guise,
Sans maison, sans lien et sans emprise. »
« Et ?... Maintenant muse gris de vert,
Ma petite va t’en guerre,
Que vas-tu faire ? »
« Laisse-moi vieillir en paix,
Me dit-elle. Après tant d’année
De services loyaux je veux me reposer »
« Que nenni, ma muse
Te reposer je veux
Mais te laisser vieillir, tu abuses
Il n’en est nulle question
Te redonner l’envie je fais le vœu
Je ne laisserai pas ton entrain… moribond
Hop, hop, hop,
Je t’enlève de là, et ma foi, foi de moi
Dans quelques heures je le vois déjà, tu galoperas
Sans aucun ménagement
L’ai soulevée toute à ma joie
Elle grondait dans mon oreille en sifflant
Mais j’avais le cœur léger,
Et j’étais bien décidée
À lui rappeler ce qu’elle avait délaissé.
Ma Muse, ma demoiselle
Loin de moi, et même loin d’elle
Ma Muse avait oublié le rire et les dentelles.
Ma Muse avait oublié
Les chansons, le vent, le ciel et la joie
Elle s’était oubliée et s’était étiolée
Je l’ai portée aux princes-mots charmants
En la posant un instant sur les feuilles des bois
Je lui ai montré les mondes merlin-enchantant
L’ai emportée aux jardins-rires des enfants
Je lui ai montré les abeilles
Et les rayons tant aimés du soleil
L'ai vêtue avec des rayons de lune
L'ai coiffée à la brise des dunes
L'ai protégée en écrivant des runes
Et puis je l’ai bercée,
Je l’ai abreuvée de perles de rosée
Nourrie aux rêves de fée
Je l’ai couchée à mes côtés
Pour ne plus la délaisser
Qu’on ne se sente plus abandonnées
Comme une petite souris blanche
Elle a sa place dans ma plus belle manche
Où je la mets même les dimanches
Maintenant quand on veut s'en aller
Ce qui peut arriver, on sait où se retrouver
Rue des pas perdus, au numéro Fête de la grande allée.
Ensemble on chante et rime
On se retrouve sur les cimes en rimes grandissimes
Sur nos rubans de soie et de papier de riz
On trinque à l’encre des sarments d’égérie
On s’est donné serment et promises amies
Déchaînées enchaînées pour la vie
Je ne savais pas avant
Je ne savais pas, vraiment,
Mais j’ai appris maintenant…
La liberté,
Vous savez
Parfois ça peut tuer.
Poème posté le 29/01/17