Je me souviens
par Aodren
Que de chemins parcourus, de revêtements foulés…
Je me souviens de nos pieds nus, de ces quelques graviers
Qui écorchaient nos chairs et inondaient nos yeux
Une pointe d’amertume entre deux jours heureux
Je me souviens de l’herbe fraîche déposée sur notre île,
Les tracés sinueux d’une escapade fertile
Le puits enveloppé de son manteau de lierre
Quand la toile me tente et que nos liens se serrent.
Je me souviens du bitume brillant sous tes couleurs,
De Jersey l’improbable, unique dans ses hauteurs,
De mon flegme britannique dans les artères de Saint Hélier,
D’une tête sur mon épaule et de nos doigts croisés.
Je me souviens chaque instant de ma vie, de la tienne,
Des alliés d’autres temps, du peu de gens qui comprennent
Que défier les filaments incolores et cinglants
Nous permet de rester bien à l’abri du vent
Je me souviens de tout, chaque empreinte de pas,
De mes jambes qui flanchent quand nous sommes devenus trois
C’est un genou à terre que je mesure ma fierté
Pour cette vie qui grandit comme on se l’était racontée
Je veux marcher encore…pendant mille ans, peut-être,
Voir nos rides se creuser, en mourir puis renaître
Et tourner en rond prendra ici tout son sens
Quand la routine décriée redevient délivrance
Je me souviendrai alors de cet instant précis
De chacune de ces lignes et des points sur les i
Que je rassemble pour suspendre ce récit inachevé
Un silence nécessaire pour ne plus rien figer...
Poème posté le 01/04/12