Et si nous marchions, le long de la rive gauche
Happés par le brouillard, et ainsi n’être plus qu’ombres ?
Nous serions silencieux, dessinant une ébauche
De sanctuaire privé pour nos pensées bien sombres.
Et si nous voguions sur cette mer enrhumée
Portés par sa voix rauque et son souffle hésitant ?
Nous irions à l’aveugle dans les creux embrumés
Chercher l’âme où elle se trouve ; Dans ton cœur, humblement…
Et si nous subissions le délitement de la morale
Malmenée par son dessein préservé effrontément ?
Nous ne serions plus que deux au milieu de ce dédale
A jouer avec le feu de nos yeux résistants.
J’aimerais te respirer sans avoir à me contenir
T’embrasser rien qu’une fois et comprendre l’insouciance
Pouvoir te regarder sans sourire, sans rien dire,
Mettre ta main dans la mienne sans offusquer les consciences.
J’aimerais te signifier ici mon engagement,
Au-delà du cadre qu’on nous a défini
Dans une étreinte malheureuse qu’on dira sans fondement,
Je nous protégerai encore de l’âpre et du déni.
Et si je te disais…
Et si je t’écrivais…Que dirais-tu ?