L’enfance qui court en elle lui conte des histoires
D’agneaux blancs perdus et de loup retrouvé
De goutte d’eau qui s’écoule à l’appel de la mer
De sang aux pierres, de fruits aux tombes
De querelles de clochers
Du paradis des marelles
De fumées, de cendres sur les mains
De fânes, de fleurs et des bouquets jetés
Chaque jour qui s’égraine révèle à sa chair
Comme elle est fille du bois, du vent, du fleuve
Comme elle est fille de rien et chienne aux abois
Et qu’elle ira son temps sans jamais rien connaître
Le seul fil de sa vie, elle en filera le temps
Comme file la comète où sa chevelure la mène
Et elle est femme de peu. Est-elle femme à peine ?
A–t-elle de la peine ? Est-elle seulement jolie ?
Qui a-t-elle charmé ? Fait-elle lever les sèves ?
Se souvient-elle seulement du rêve qui l’amène
Du feu qui la conduit où la lumière danse…
Et elle est femme à vif, à vivre et à trembler
A échanger un rire, à cueillir une larme
A garder dans l’oreille le souffle d’un soupir
Son sourire se répand d’une source secrète
Saurait-elle dire comment elle ne peut plus pleurer ?
Elle parle au silence, à celui qui se tait
Ses mots ont peu de poids ; le ciel les balaye
Alors elle ne dit rien, elle s’éprend à rêver
Blottit-t-elle ses secrets sous des brins de bruyère
Quand elle prend ce sentier qui épouse l’horizon ?