Dans un pays lointain, et différent du nôtre
Puisque l’on y votait avec discernement,
On avait lu Descartes, on en était apôtre
La logique existait très politiquement.
Et pour mieux satisfaire la volonté publique
On avait imposé un sage règlement
Le monde s’exprimait par voie démocratique
Et s’abstenir était taxé sévèrement.
Le vote blanc comptait il était important
Et s’il était un jour vote majoritaire
Les candidats listés devenaient des sortants
Il fallait en trouver, d’autres sachant mieux plaire.
Au peuple allant aux urnes on devait tout dépeindre
Et un mois à l’avance on mettait noir sur blanc
Le programme prévu, l’objectif à atteindre,
Les moyens non cachés par quelque faux-semblant.
Lors la presse n’avait qu’un seul modèle à vendre
Et ne se perdait pas en viles clabauderies
Une capacité à entendre et défendre
Faisait choix pertinent loin des truanderies.
Des chiffres indiqués et de tous arguments
On devait justifier bien sûr la provenance
Le menteur, exilé irrémédiablement,
Voyait, à la poubelle, aller son espérance.
Radio « n’importe quoi « et « télé–médisance »
N’avaient un mois avant ,plus accès au sujet
Plus de potins gluants à mettre en la balance
La politique était un respectable objet.
Dans ce pays lointain et vraiment très bizarre
La justice savait utiliser le droit
On instruisait alors sans la moindre fanfare
Et l’innocence était d’abord le premier choix.
Il est vrai que les juges ne trainaient pas les toges
Que des ans cumulés n’étaient point nécessaires
Que sans vaines critiques ou flatteuses éloges
Cette justice au mur mettait son savoir faire.
Mais ils étaient élus, le pouvoir politique
Ne se mêlant jamais de fausser les plateaux
La balance berçait avec grande logique
Puissants ou misérables dans le même berceau.
Dans ce pays lointain soucieux de bien faire
Sans bon curriculum on ne peut conquérir
Des postes importants si l’on est exemplaire
Et sans casier vierge, il faut s’en abstenir.
Puis pour mieux surveiller les écrites promesses
Par des referendums on demande l’avis
Au peuple d’exprimer ses coups de pied aux fesses
Ou ses remerciements en votant des bravi.
L’état est ce qu’il est, or dans un tel système
On évolue c’est vrai sans vitesse excessive
Mais le peuple n’est pas en perpétuel carême
Et nous ne suivons pas de marche récessive.
Certes nos politiques ont un salaire plus juste
Et ils sont moins nombreux à brasser l’air du temps
Ils œuvrent pour l’état jamais pour la flibuste,
N’ont pas de privilèges jugés exorbitants.
Monsieur, vous provenez de ce pays étrange
Où le gouvernement parait laborieux
J’ignore si chez nous, nous ferions un échange
Avec cette façon de rechercher le mieux.
Mélancoliquement le français fait la gueule
Car ses politiciens sont devenus des sots
La vraie démocratie se couvre d’un linceul
Des voleurs et menteurs nous mènent en bateau.
Prochainement viendra un tri de circonstance
Où il faudra choisir dans la cage aux serpents
Si nous en trouvions un de quelque consistance
Et qui sache gérer ce serait excellent.
Mais entendons nous bien on ne saurait nager
En restant sur le dos et en faisant la planche
Il faut donc réfléchir avant de s’engager
Ne pas croire des verbeux les mots en avalanche.