Entre deux averses, j’ai posé sur l’arceau
Une perle de pluie dénichée le matin.
Elle gisait, sans joie ni projet pour demain
Sur une feuille morte, au pied de mon sureau.
Elle était si petite, allongée sur son lit…
Les nervures épaisses, en dépit du grand vent,
Retardaient l’échéance et la course du temps
Comme si, dans ses bras, elle y reprendrait vie.
J’ai saisi le pétiole et, m’approchant du spectre
Je me suis rappelé les paroles du maître
Nous confiant à l’estrade les clés du mystère
Que dans sa réfraction, se teinte la lumière.
Mais ne pourrait-t-on pas considérer ici
Qu’il existe au pupitre un cancre Poésie
Libre de me dire de ranger mes cahiers
Et que cet arc-en-ciel est un pont coloré ?
Alors moi j’ai soufflé sur ma petite perle
Pour qu’elle emprunte à pied mon chemin poétique
Je l’ai vue se remplir de couleurs fantastiques
Et puis s’évaporer sous le chant d’un beau merle.