Me pardonneras-tu d’être celui qui pleure
Quand au matin brumeux, l’oiseau à ma fenêtre
M’aura fait ses adieux, m’aura dit que peut-être,
Il ne reviendrait plus veiller sur ma demeure ?
Je le revois encor, planant à l’horizon
Sa venue annonçait l’émotion d’une page
Entre ses doigts, le pli, usé par le voyage,
Se posait en onguent sur mes jours moribonds.
Il s’abreuvait un peu pendant que je lisais
Et venait se nicher dans le creux de mon cou,
Attendant ma réponse, me piquant la joue
Si mes mots, à ses yeux, lui semblaient imparfaits.
Et puis il repartait vers la voûte infinie
Je lui disais « Vole ! Et, au plus haut dans le ciel,
Entoure mon poème d’un ruban bleu-nuit
Et offre lui mon cœur comme un gage éternel ».
Me pardonneras-tu toute l’incohérence
De sentiments profonds noyés dans l’océan,
Celui qui me retient en lames d’inconstance
Et dont l’écume amère givre dans mon sang ?
Garde en toi, je t’en prie, tous ces trajets célestes
La plume de l’oiseau effleurant ton dos nu
Je t’aimerai, sais-tu ? Chaque jour qui me reste
Chaque nuit, tu seras mon envie d’absolu…