Je saisirai mon sac, j’y mettrai l’inutile,
Un jour de février, quand le vent nous dépasse
Je filerai au sud les indices fragiles
De tes pas sur le sable, avant qu’ils ne s’effacent.
Redevenu alors ce garnement qui peste
D’avoir perdu ses billes le temps d’une absence,
Je gratterai le sol au hasard de l’errance
Dussé-je perdre ici la raison qui me reste.
Dis-moi les mots qui fâchent, en écume de mer,
Envoie-moi tes rochers par le cours des rivières
Où sont ces petits feux qui me guidaient souvent
Quand j’étais assez fou pour croire au permanent ?
Les éléments diront ce qu’il reste vraiment
De tout ce qui nous lie, de tout ce qui s’étend
Du reflet de tes doigts à ma peau détrempée
De mes larmes de joie piégées dans tes foulées.
Et quand mon dos pliera sous le poids de la pluie,
Pose ta main de femme sur ma joue meurtrie
Relève mon visage, réinvente les mots
Creuse de tes lèvres notre propre tombeau.
Je laisserai alors en guise d’héritage
Le flou qui nous habite et nous caractérise.
Dans la brise ; une étoffe, un fragment de chemise
Gagnant dans les hauteurs d’invisibles rivages.