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Poésie libre / Test-amant
              
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Test-amant
par Rimatouvent


Et si je franchissais l’Achéron par surprise La vie me délaissant, Charon me transportant, Car il des voyages dont on perd la maitrise Les Parques sectionnant les fils de notre temps. Serais-je insouciant de partir sans bagages Le corps étant usé par les marées des ans, L’esprit ayant appris des hommes les ravages Et l’envie d’exister, peu à peu, faiblissant. Je crois que par le ciel qui permet s’il le veut, J’aurais assez passé d’obstacles et d’envies Assez réalisé ou manqué quelques vœux Pour ne pas persister à me garder en vie. Mais si je m’éloignais sans le moindre remord J’aurais, je vous l’avoue, un terrible regret Je garderais de vous Muse au sourire d’or Dans le cœur une épine, un amoureux secret. Vous l’ignoriez peut être ou ne vouliez le voir Vous aviez fait murir un tendre sentiment J’aimais de vous la forme autant que le savoir De vos douceurs écrites le doux cheminement. De mots révélateurs et de discrets accords Nous avions fait mûrir une secrète histoire Nous nous parlions du cœur en esquivant le corps Le dieu désir n’osant sortir de l’écritoire. Le style évoluant en phrases familières Vous saviez éviter avec un grand talent, De l’envie s’avouant, les moindres fondrières Car le désir discret n’a pas d’équivalent. Certes j’aurai aimé, en vous tenant les mains, En vos paumes poser un baiser de mes lèvres Caresser votre peau, penser aux lendemains Qui m’auraient condamné aux amoureuses fièvres. Éros étant toujours derrière un paravent L’écrit nous épargnait toute audace excessive La distance avait elle un rôle de coupe vent Quand l’Éole de l’encre avait bise lascive. Vous étiez l’harmonie enchantant mon esprit Et je me délectais du moindre de vos mots J’étais votre lecteur vous goûtiez mes écrits Souvent un peu faciles parfois originaux. Mais l’émoi sensuel bien que restant non–dit Finit par cheminer de la raison au cœur Et ma plume sortit de mon rêve interdit Des audaces aux mots plus doux qu’une liqueur. D’un érotisme modéré les rudiments Rencontrèrent chez vous la juste tempérance Et votre écho s’en vint, assez subtilement, Y répondre voilant l’excès d’incandescence. Le rêve était trop beau, la distance lointaine, Je n’avais que l’écrit pour charmer vos appas Votre fascination de muse souveraine Me donna cependant un bonheur délicat. Lors, les années passant, l’âme toujours brûlante Je restais désireux de vous aimer sans bruits On dit qu’un souffle doux d’une lointaine amante Provoque des orages promettant mille fruits. Souvent rêvant de vous en mes rimes nocturnes Je vous imaginais songe me répondant La nuit nous permettait ces amours taciturnes Dont les mots retenus sont les doux revenants. Je n’osais pas alors me délabyrinther Quelques aveux trop vifs se pourraient vexatoires À la carte du tendre il me plut d’emprunter Des aveux, des désirs aux modes incantatoires. Et puis le cours du temps décida qu’il fallait Rester aux passions de la littérature Vivre de votre image ornant mon chevalet Sans plus érotiser une abstraite aventure. De votre sentiment enjolivant ma vie Je fis un court bonheur gommant le temps qui court Il y a des poèmes répondant à l’envie, Qui sans le révéler sont déjà de l’amour. Et au moment de dire au revoir à la terre Mon sablier vidé de son nombre de jours Je mets en mon esprit comme rose en sa serre Votre infinie douceur mon ultime recours. L’avenir nous dira si l’au-delà tolère Des rencontres futures aux rouages lascifs S’il est permis d’aimer d’un feu moins éphémère Quand le désir ourdit des accords possessifs. Adieu, Muse charmante, ayez selon le cas Oubli ou souvenir au creux de votre esprit Vous resterez toujours mon bonheur délicat Inespéré cadeau à un poète épris.



Poème posté le 27/05/17


 Poète
Rimatouvent



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