La part du rêve
par Aodren
Elle était affairée à peindre ses pensées
Dans le rai de lumière qui portait les lieux.
Elle était magistrale, fière et envoûtée
Par l’inspiration qui jaillissait de ses yeux.
Que pouvait-elle vivre à cet instant précis
Que je ne saurai voir depuis mon étroitesse ?
Est-ce ici la nuance qui différencie
Le commun des mortels des pas d’une déesse ?
Je me suis approché et, glissant sur son dos,
Ma main devenue brume figea son pinceau.
Nous restâmes enlacés quelques instants bénis
A contempler son œuvre, au cœur de l’incendie.
C’était une toile sombre aux contours abscons
Où l’on pouvait distinguer la course du vent
Balayant de ses bras les peupliers d’antan,
Quand nous n’étions alors que pauvres vagabonds.
Elle avait ressenti mon intérêt soudain
Pour ce détail posé sur un coin du tableau,
Un cercle lumineux diffusant en faisceaux
L’aurore d’une vie, la rosée du matin…
« Je n’oublie pas, mon ange, malgré tous mes cris,
Que mon cœur a besoin de cette part de rêve,
C’est là que tu résides et que coule la sève,
Dans ce halo d’argent, tu m’aimes et resplendis. »
J’ai pleuré à ces mots et me suis rappelé
Les nuits où j’ai mendié pour qu’elle me peigne enfin,
A cet instant précis, rien ne fut plus distinct
Que le sentiment grisant d’un rêve exaucé.
Poème posté le 08/02/13