Téléphobie
par Lebouc
Oui, je souffre de téléphobie
De tous les objets de ce monde, l’invention de Graham Bell est mon pire ennemi
Quand je vois apparaître sur mon afficheur
Le numéro d’un emmerdeur qui veut me tenir la jambe
J’en rage, j’en tremble
Je laisse aux bons soins du répondeur
La tâche ingrate d’écouter le boniment du quémandeur
Puis je prends connaissance de la chose et si le motif est louable
Je me sacrifie et communique avec le misérable
Toutefois, celui ou celle qui veut vous sucer votre précieux temps
Saura puiser dans son incommensurable vice l’astuce pour vous attirer
De mes moments libres, j’entends demeurer le maître
Et pour contrer tout abus, je mets en marche le chronomètre
Ah oui, vraiment, que pouvez-vous imaginer de pire
Quand le soir venu, vous vous laissez choir dans votre fauteuil de cuir
Que cette sonnerie importune qui vient vous interrompre
Au début ou pire, au milieu de votre lecture, d’un palpitant film de vampire
D’un délicieux roupillon ou d’une partie de polochon à tout rompre
Je préfère encore un envoi massif de courriels
Qui ne requiert point ma présence immédiate et matérielle
À cette infâme sollicitation qui m’inspire le fiel
Pour échapper à la tyrannie de cet objet maudit
De plus en plus de bipèdes ont recours au téléphone mobile
Mais contre toute attente, ils utilisent en tous lieux l’instrument débile
Peu importe que vous soyez mielleux, Mona Lisa ou milliardaire
Que vous tendiez l’odieux de votre ligne mieux que personne
Sachez qu’armés de ce bidule ignoble, je ne vous aurai point à la bonne
Je conchie cette espèce sonnante qui fait trébucher les neurones
Et je dis sus aux terroristes du téléphone!
Poème posté le 07/06/17