A vol d'oiseau, c'est en fait beaucoup plus long
par Aodren
J’étais alors beau merle affairé à mes gammes,
Recherchant dans mes notes un soupir impromptu,
Quand une tourterelle au regard ingénu
Se posa près de moi et brandit l’oriflamme.
Il était rouge vif et au centre trônait
Une lune couchée sur une clé de sol.
Je l’observais, transi, puis remontant mon col,
Déposai à ses pieds quelques brins de muguet.
« Quelle est cette province, où la musique prône
Une telle importance qu’elle en est l’icône ?
Pour ce drapeau béni, je mourrais sans ciller,
Si dans vos vertes plaines, je pouvais chanter. »
« Filez vers le sud, quelques heures à vol d’oiseau,
Vous verrez des jardins où fleurissent les blanches
Où s’accordent des notes posées sur la tranche
Entourées de tilleuls comme uniques tombeaux »
Sa voix était si douce, un frottement d’archet
Sur une corde vierge juste chevillée.
Et bien qu’attiré par l’écho de son palais,
Je n’aurais su voler sans elle à mes côtés.
Nous partîmes tous deux, portés par les courants
A quelques heures au sud, où la lumière étend
De ses bras la portée d’une autre mélodie
Au couchant, la rythmique liant nos envies …
Nous ne pûmes arriver dans les délais prévus,
Car c’est à vol d’oiseau que s’arrête le temps
Les nuages, la pluie ont bercé notre enfant
Qui écoute nos cœurs d’une oreille absolue.
Poème posté le 13/05/13