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Poésie libre / L'Anopée
              
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Poésie libre / L'Anopée

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L'Anopée
par Salus


(Les guerres médiques) Comme le Goliath Perse, en s'ébréchant les dents, A peine débarqué par les plages antiques, Sur une poignée âpre, inexpugnable dans Ce passage obligé vers les terres attiques, Reprenait son grand souffle, au pied de ses vaisseaux Innombrables aux mâts entrechoquant leurs vergues ; Là-bas, dans le chaos de rochers en ressauts Refluaient les drapeaux d’Athènes, rouges serges ! - - - Ayant congédié les contingents Hellènes, La Laconie opta pour tuer ses héros ; Le calcul était tel qu'à Troie, où tant de haines Interdisaient, au feu, de présenter le dos ! - - - Pour permettre aux soldats grecs de se rassembler, Le roi Léonidas et ses trois cents spartiates, Bouclant, des Thermopyles étroits, sans trembler, Le seul détroit possible aux Perses asiates, Vinrent suicider à l’innombrable ennemi La fierté d'être un fauve - honneur Lacédémone - Et sachant la victoire ainsi que le déni Impossible pour eux, à Zeus, dont la voix tonne, Remirent leurs destins au sceau du sang scellés, Et combattant, furieux, jusqu’à leur dernier souffle, Serviteurs de la Kèr, ils découpaient zélés, Dans les rangs byzantins comme l'herbe le buffle ! - - - ...Tant de flèches pleuvaient, sonnant sur les cnémides ; L'armée, ô Basileus ! rompait comme les flots Sur le récif tranchant des tous derniers séides ; Pas un qui ne lâchait ! - Tous acceptaient leurs lots. Et les yeux injectés de haine sous le casque, La mâchoire serrée en un dernier rictus, Sous les bouts d'os carmin, maculés de chair flasque, Calés, dos au rocher, dans un rythme d'ictus, Ils fauchaient de l'épée une moisson de têtes, Et, morts debout, des bras pourtant frappaient encor ; Envahisseurs poussés tel un troupeau de bêtes, Vers l'abattoir chanté des buccins et du cor, Par cent mille soldats pressés et sanguinaires S'encastrant au goulet d'où coulait, fleuve vif, Dans une rouge humeur le flux des âmes fières, Sinistre confluant du Styx impératif ! - - - Chacun,sombre et farouche, invoquait le Lion Quand dix mille immortels, fleur de l'armée adverse, Se jetèrent sur eux - on eut dit un million ! - Pendant qu'Ephialtes à la ruse perverse Faisait prendre à revers la faction de soldats Tenant toujours l'échec des folles multitudes Qui se brisaient, hurlant, dans le piège du pas Où survivaient encor les guerriers les plus rudes ! - - - Et découpant d'estoc comme étripant de taille, Léonidas pensait à l'oracle-devin ; De Delphes l'haruspice avait en quelque entraille, Prédit un sort funeste ! ..On bu beaucoup de vin... - - - Puis le roi su que tous, ils leur faudrait mourir ; Sparte serait détruite et la Grèce sauvée, Et l'orde envahisseur ne pourrait qu'encourir La colère des Dieux par l'horreur soulevée ! - - - ...Et Xerxès fulminait, depuis un promontoire, Hors de portée, et loin du bronze et de l'airain, Sentant chaque heure plus s'éloigner la victoire, Dans le fracas des cris d'agonie et le train Que menait cette guerre où la nation têtue, Infime, résistait d'un courage dément, Il éructait, bavant, enragé : - Qu'on les tue ! Sans l'ignoble traîtrise - un cauchemar qui ment - Au sacrifice froid de ces fous patriotes, L'armée eut, tout entier, rompu l'immense élan Sur les tueurs liguant jusques aux Chypriotes, Qui mouraient, tels des loups, pour que vive leur clan ! Contre le monstre Perse aux géantes nuées ; Contre des rois si grands qu'ils punissent la mer ; Contre la Mort, Thébains, Thespiens, nations tuées Ensemble, sous l'égide Hoplite au calme fier, Sus l'Ogre ennemi, tous jetaient à la bagarre L’extrême de leur force et l'entier de leur chair ; Les Enfers dégorgeaient, depuis le noir Tartare Jusqu'au monstre Cerbère, à son entrée en fer, Au pays des soupirs, où l’Achéron vague erre, Territoire fantôme et passage obligé Des héros, vers les Champs Elyséens, derrière L'Erèbe grise et morne, aux lacs de poix figés... - - - Thermopyles à l'eau bénéfique pour tous, Quelque autre porte vers les antres du Ténare ! Pour la foule tombée en vos funestes trous, Vers le monde d’Hadès et le repos barbare ! - - - Plus tard, remords des Dieux, battue à Salamine, Persépolis perdra sa flotte, avec l'espoir ; Et ce grand coup du sort fera que se termine De la conquête Hellade un épisode noir.



Poème posté le 29/07/17


 Poète
Salus



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