Si l’on pouvait traduire le chant des rivières,
Il serait comparable à la vie du quidam.
De la verve fougueuse, au sortir de la pierre,
Aux affluents éteints par le brouillard de l’âme,
Seras-tu enchantée de sa couleur vocale,
Quand fendu par la roche, le débit serein
Elèvera son chœur au diapason d’opales
Eclairant en faisceaux les sentes, les chemins ?
Et quand les arbrisseaux, chahutés par la brise
Te diront qu’il est temps d’observer en silence
Les ondes propagées par une carpe grise,
Pourras-tu sur mes lèvres en déposer l’essence ?
Nous chanterons un peu, des couplets décuplés
Dans les herbes gorgées d’un soleil estival
Des soupirs réguliers, en décors contemplés
Où se mêle à nos peaux le galop d’un cheval.
Nous sentirons la terre vrombir un instant.
Sous le poids animal, une portée nouvelle
S’effacera tandis que nos yeux résistants
Feront danser les temps de cette ritournelle.
Et le chant des rivières bercera nos corps
Quelques gouttes roulant sur ta nuque exposée
A tout ce que ma langue peut y composer
De mélodies tacites ou de semblants d’accords...