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Poésie libre / Les sœurs Amour & Mélancolie

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Les sœurs Amour & Mélancolie
par Johnyvel


Je n’ai finalement pas beaucoup changé. Je suis toujours le même gosse peureux et sentimental. Désormais je me rends compte de tout l’amour que l’on me donne. Contrairement à ce que j’ai pu penser, je ne suis pas un solitaire. Je suis, au contraire, en recherche permanente d’amour. Par chance, j’ai assez d’amour pour me couvrir tout entier. J’ai tant d’amour que je ressens chaque variation de cette couverture qui m’entoure et me rassure. La moindre ouverture est la porte d’entrée mortifère d’un froid glacial qui m’envahit. Bien que recroquevillé dans ma couverture, mon corps tout entier semble se geler à la moindre pénétration. Une période de révision. Un moment de solitude. Une déception. Le contrecoup d’un instant sensationnel. Une petite ouverture. La moindre ouverture. Un trou de souris par lequel pénètre le monstre de la mélancolie. Un monstre amorphe, capable de se liquéfier pour pénétrer en moi et faire s’insurger, comme une armée de soldats, mes doutes et mes peurs enfermés. Je perds la maîtrise. Je succombe à l’ivresse de la mélancolie qui, parce qu’elle est la sœur de l’ivresse de l’amour et qu’elle lui ressemble, me la rappelle assez bien. Privé de la grande passion amoureuse, celle que j’attends comme on attend un prince charmant, j’ai pris l’habitude de rendre visite à sa sœur. L’amante. L’aimante malveillante. Elle a la même douceur que l’amour. Elle a aussi les même goûts littéraires et musicaux. Comme sa sœur le ferait, elle m’enlace et m’ensorcelle. Mon amante, elle a pourtant tout pour me plaire. Elle est si confortable. Si agréable. Je m’y enfonce comme dans un lit en mousse. Je suis tout à elle. Ma mélancolie. Elle est belle comme un poème. J’y plonge comme dans une mer sans fond. La nuit, nous dormons ensemble. Elle a la peau douce et ses gestes sont délicats, mais je lui tourne le dos. Agrippé à ma couette de l’autre côté du lit, je rêve de sa sœur pour trouver le sommeil.



Poème posté le 09/08/17


 Poète
Johnyvel



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