Écris...
par Mido
(…un poète m’a dit…)
« J’ai cris… j’écrie… j’écris…chaque mot, chaque vers,
Comme ce petit être apostrophant sa mère
Qui ne répondra plus ! Mon mal est éphémère,
Car il cesse ou s’apaise ou repart à l ‘envers
Dès le bleu du buvard, la bouche d’encrier,
Quand la plume gorgée de sang violet, fertile,
S’en va bruire et repter sur la page où s’effile
Un ruban de mots doux sortant d’un sucrier.
Je sais qu’en poésie elle est encore là,
Guettant, comme autrefois, mes saillies d’écriture
Plus sensible à l’émoi qu’à l’âpre dictature
Des strictes prosodies. Elle a donné le La
De mes premiers élans, sincères, enfantins,
Vulnérables appels assortis de promesses
Qui mouillaient son regard, un peu comme à la messe
La photo de papa dans un pli de satin
Lui tirait quelques pleurs. Je ne sus pas pourquoi
La vie nous laissa seuls, derrière un catafalque,
Notre mère allongée, un couvercle qui claque,
Épine au fond du coeur comme flèche au carquois.
Mais un jour, sous un saule en proie aux quatre vents,
Je reconnus, au cou, la brise…insaisissable
Qui, parfois, s’insinue, irréelle, impensable :
« Écris » me soufflait elle « et garde-nous vivants » !
« Et garde-nous vivants… »
Poème posté le 22/08/17