N'ai-je pas l'once de vers durs, neige pâle once de verdure
par Piloukan
Ma page est blanche, vierge de toute rature
D'une inspiration trop faible pour ma censure
Une feuille encore innocente et tellement pure
Que je crains d'y narrer les maux qui me murmurent
N'ai-je pas l'once de vers durs
Moi qui conjugue mes mots jusqu'à l'usure
Suis-je fou contemplateur qui se rassure
De croire vivant ces tableaux de mortes natures
Pourtant la vie n'est pas une sinécure
Il me serait facile de conter ses tortures
Des peines que l'on subit jusqu'à l'âge mûr
Balafrant la beauté de moult griffures
Si nous naissons avec cœurs de pépites en or pur
Le temps, pervers, tisse sans cesse nos fêlures
Pervertissant alors nos cœurs en ordures
Tel un bonheur trop parfait qu'on ligature
L'hiver a élu domicile dans la nature
Il poursuit sa lente avancée qui perdure
Le blanc recouvre le vert qui se dénature
Et travestit avec lui, l'espoir à jeun en biture
Neige pâle once de verdure
Qui bientôt ternie âtre et toute nourriture
En hématome bleuâtre et triste engelure
Condamnant ses sujets d'une neuve fourrure
Poème posté le 19/12/13