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Irréel
par Candlemas


Tu n'as pas pris le bus de onze heures dix-sept Tu n'as pas poussé la porte du café Lucette Tu n'as pas voulu noyer ton chagrin du matin Tu ne t'es pas confessé au cul de la bouteille vide Tu n'es pas enfui comme un escroc démasqué Tu n'as pas querellé l'irascible vérité Tu n'étais plus ce coeur solide au sourire enjôleur Tu ne sentais plus son parfum ni le sel de ses pleurs Tu ignorais jusqu'aux regards apitoyés des passants Tu as tracé droit devant toi comme un ragot blessé Tes jambes n'obéissaient plus qu'à un coupable bouillonnement Tu n'es pas allé au pont agité de sombres pensées Tu n'as pas pesé le geste entre courage et lâcheté Tu n'as pas imaginé le réconfort de ses regrets Tu n'as pas posé en héros dramatique passionné Tu n'as pas répondu à sa colère à ses coups Tu n'as pas même concédé l'aveu d'une émotion Tu l'as laissée partir puis Tu as simplement donné un tour de clé Et, le visage habillé d'un sourire irréel, Tu as tourné la page trois cent dix-sept, Tu oubliais déjà, lecteur indolent, les chapitres passés



Poème posté le 25/01/14


 Poète
Candlemas



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