Traversons les couloirs du monde souterrain
Accompagnés par cette odeur lancinante
De vieille poussière, de mécanique brulante
Et d’un parfum rance, allons donc vers les trains.
Descendons dans le hall par cet escalator,
Là, sur le quai la foule, immobile l’air perplexe
Regarde inquiète l’affichage complexe.
De la bouche du tunnel, un grondement grave sort.
Grinçant, le long du quai, le train se met en place.
Cri âpre des bruiteurs, des portes les claquements.
Le vacarme métallique devient assoupissant,
Sur les banquettes conquises, tous s’apaisent et se tassent.
D’une main se cramponnant, de l’autre priant l’aumône,
Une petite mendiante au pull terne et trop long,
Fait le tour du wagon ; à un sourire, répond
L’éclair furtif des yeux flamboyants de faune
Enflammant son visage hâlé et délicat.
Sur ses jeans salis tombent ses longs cheveux de reine,
Ses ongles sont noircis. Une station souterraine,
De mornes passagers filent, ajustant leurs parkas.